La réécriture

Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage,
Polissez-le sans cesse, et le repolissez,
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.
Boileau, L’Art poétique

Qu’est-ce que c’est?

La toute première version d’un texte s’appelle « premier jet ». Car ce dernier ne sera jamais parfait du premier coup. Un écrivain ne publiera donc pas son texte tel quel. Pas plus qu’il n’enverra ce dernier à son éditeur sans l’avoir corrigé et retravaillé.
Mais, l’aspect à retenir est qu’il ne s’agit pas d’une simple relecture ou l’on se contente de corriger les fautes d’orthographe ou de grammaire. Il s’agit, bien souvent, d’une lecture approfondie ou l’on est à l’affût des longueurs à éliminer, des scènes au potentiel mal exploité, des passages manquant de clarté, des scènes à déplacer ou à élaguer, des trous dans l’intrigue, des informations oubliées, des problèmes de cohérence, des nœuds non résolus dans l’histoire, etc.
En revoyant son texte sous un regard neuf et en prenant du recul, l’auteur peut souvent dénicher les défauts du texte qu’il ne pouvait pas voir au moment de l’écriture. C’est une étape essentielle, mais parfois mal connue du processus d’écriture d’une œuvre.

Quand fait-on la réécriture?

Généralement, elle se fait lorsque le premier jet est terminé. Souvent, il vaut mieux laisser reposer le manuscrit un peu, lorsqu’il est fini, avant d’y replonger. Certains auteurs vont même attendre jusqu’à plusieurs jours ou plusieurs semaines avant de retoucher à leur texte. Cependant, certains corrigent carrément leur texte au fur et à mesure qu’ils l’écrivent et font une relecture un peu moins fouillée par la suite.

Comment fait-on?

Il n’y a pas une seule méthode pour procéder. Plusieurs auteurs vont imprimer leur texte pour le relire, car relire leur manuscrit sur papier plutôt que sur l’écran permet parfois de voir ce dernier autrement. Certains auteurs utilisent également des logiciels de correction tels qu’Antidote comme complément à la relecture. Il n’y a pas qu’une façon de le faire, il suffit de prendre du recul et se relire en gardant l’esprit ouvert au changement.

Quand est-ce le temps d’arrêter?

Les auteurs ont souvent cette particularité d’être perfectionnistes et de vouloir retravailler et corriger leur texte sans fin. Une question souvent posée est : quand saurai-je que c’est le moment d’arrêter (et incidemment, d’envoyer mon texte à un éditeur)?
Je réponds souvent à la blague : quand vous ne pouvez plus voir votre texte en peinture et que vous avez juste envie de le lancer au bout de vos bras!
Bien qu’il n’y ait pas un indice précis permettant de répondre à cette question, quelques signes peuvent vous aider. Si vous en êtes rendus à recorriger les mêmes passages ou les mêmes scènes, encore et encore; si vous en êtes rendus à corriger des détails comme des virgules par-ci par-là (alors que vous l’avez déjà fait), que vous doutez de tout, que ne savez plus ou vous en êtes, bref, si vous avez pas mal tout relu et que vous êtes dans la répétition et le fin, fin détail, il est peut-être temps de lâcher le morceau et de faire lire votre texte par quelqu’un d’autre.

Je croyais que l’éditeur faisait déjà ce travail?

Oui. Cependant, sachez que les éditeurs reçoivent énormément de manuscrits. Plusieurs centaines par année. Là-dessus, entre 1% et 3% (les chiffres varient selon les sources) finissent par être publiés. Votre texte devrait donc être le plus parfait possible. Moins il restera de fautes et de défauts dans l’histoire, plus votre texte a des chances d’être publié. Il est donc extrêmement important de perfectionner votre manuscrit autant que possible avant de l’envoyer à un éditeur.