7 péchés capitaux à éviter dans votre manuscrit
En moyenne, 95% à 99% des manuscrits soumis aux éditeurs sont refusés. Ces chiffres peuvent sembler terribles. Comment les éditeurs peuvent-ils rejeter autant de textes? Il faut d’abord être conscients du fait qu’ils reçoivent des centaines et parfois, des milliers de manuscrits.
Or, ils ne peuvent en publier que quelques dizaines. Quelques centaines s’il s’agit d’une grosse maison d’édition. De ce fait, seule une petite fraction des textes est retenue. Les éditeurs ne vont ainsi publier que les meilleurs textes. Et contrairement à certaines croyances, ils ne publient pas uniquement des auteurs connus ou ceux qui ont des contacts dans le milieu.
La qualité du texte demeure LE critère le plus important, car au final, c’est ce qui reste entre les mains du lecteur.
Voici les erreurs qui sont non seulement les plus répandues, mais vont presque assurément vous garantir un refus. Les 7 péchés capitaux à éviter dans votre manuscrit si vous souhaitez être publiés.
1. Avoir un texte rempli de fautes
Vous n’avez pas idée du nombre de manuscrits bourrés de fautes que les éditeurs reçoivent et rejettent à vitesse grand V. C’est que malheureusement, plusieurs ne maîtrisent même pas les bases de l’orthographe et de la grammaire.
Plusieurs ignorent aussi les notions élémentaires de construction de phrase, telles que “sujet + verbe + complément” ou “proposition principale + proposition subordonnée”. Certains écrivent aussi des phrases trop longues, compliquées et confuses.
Cette affirmation peut paraître choquante, mais il est important de le répéter, car c’est une cause majeure de refus. Si votre ouvrage n’est pas sufisamment bien écrit, l’éditeur ne se rendra même pas jusqu’à la fin. Il n’y a rien de plus désagréable que de lire un manuscrit et de buter sur des fautes à chaque phrase.
Donc, n’hésitez pas à jeter un coup d’œil dans votre dictionnaire ou votre Bescherelle. Vérifiez la conjugaison des verbes, l’accord des participes passés, mais aussi l’orthographe, le sens des mots et les locutions dans lesquelles on l’emploie. Revérifiez vos règles de grammaire.
Et si ce n’est pas dans vos forces, faites corriger votre texte par quelqu’un de compétent.
2. Avoir des dialogues problématiques
Dans les œuvres de fiction, ils occupent une place essentielle. Malheureusement, certains sous-estiment leur impact et pensent qu’écrire des dialogues signifie simplement rédiger ce que les personnages racontent sans trop se poser de questions.
Mais c’est plus complexe que ça. Car des mauvais dialogues peuvent ruiner un manuscrit. Leurs défauts les plus communs?
a) Ils sont ennuyeux ou banals
Hélas, les sujets de certains dialogues sont tout simplement sans intérêt. En général, ceux-ci portent sur des banalités de la vie quotidienne: des salutations, des échanges de politesse, le menu du souper, la description du film préféré d’un personnage, des remerciements, des commentaires sur la haie de cèdres du voisin, etc.
En fiction, un dialogue doit avoir un but, dévoiler quelque chose d’important. Il sert à faire avancer l’histoire. Il doit, soit: 1) apporter une information importante; 2) créer de l’émotion; 3) susciter une réflexion. Il faut donc éviter les répliques superflues et vides de sens, qui ne mènent nulle part. Un exemple?
– Passe-moi le sel, s’il te plaît.
– Voilà.
– Merci.
b) Ils sont confus ou difficiles à comprendre
Un autre problème que l’on rencontre parfois est le manque d’information. Certains dialogues sont formés de longues successions de répliques, sans la moindre précision. Le lecteur devient confus et ne sait plus qui parle (surtout s’il y a plus de deux protagonistes), ni sur quel ton se tient la conversation, ni ce que font les personnages pendant la conversation, ni leur état d’esprit. Il n’arrive donc plus à bien comprendre ce qui se passe.
Pourtant, ces informations sont cruciales pour que le lecteur parvienne non seulement à bien suivre la conversation, mais aussi à comprendre ce que font et pensent ses acteurs.
Entrecouper les répliques, de temps à autre, de courts passages narratifs avec des précisions sur un ou plusieurs de ces aspects peut grandement contribuer à rendre ceux-ci bien plus clairs.
c) Ils manquent de naturel
Sans qu’il soit nécessaire d’écrire des dialogues exactement comme on parle dans la vie de tous les jours, il est recommandé d’adopter un style s’en rapprochant.
Parfois, certaines répliques semblent trop “écrites” ou “littéraires” et donc, trop éloignées du langage verbal et peu naturelles. En anglais, on les appelle les dialogues on-the-nose. C’est-à-dire qu’ils “communiquent exactement ce que les personnages pensent, avec peu ou pas de subtilité ou de sous-texte”*. Or, les gens parlent rarement de cette façon.
Par exemple:
– Je suis tellement furieux que tu n’aies pas respecté mes sentiments profonds hier soir!
Peu de gens s’expriment réellement ainsi. Certaines répliques, rédigées de manière presque trop léchées, sonnent faux. Également, des répliques de dialogues trop longues, s’apparentant à des monologues, enlèvent du dynamisme à la conversation en plus de paraître artificiels.
3. avoir une quête ou des enjeux mal définis ou inintéressants
Dans toute œuvre de fiction, le ou les protagonistes doivent avoir une quête, un but. Cet objectif à atteindre doit être clair pour le lecteur et surtout, important. Et si le personnage échoue dans sa quête, il doit y avoir des conséquences, c’est-à-dire des enjeux.
Or, certains textes ont une quête vague et les répercussions en cas d’échecs sont encore plus vagues, voire inexistantes. Le personnage doit ardemment désirer quelque chose et il doit y avoir des conséquences s’il ne parvient pas à ses fins. Sinon, il n’y a pas de péripéties. Et s’il n’y a pas de péripéties, il n’y a pas d’histoire.
Malheureusement, dans plusieurs manuscrits, il manque de quêtes et d’enjeux clairs ou intéressants. Cela fait en sorte qu’on lit le texte sans trop savoir où il s’en va, on tourne en rond et on finit par décrocher.
4. Avoir des personnages de carton-pâte
Un autre aspect souvent sous-estimé par les auteurs en herbe. Les personnages sont une composante aussi essentielle que l’histoire elle-même. C’est par eux que tout passe et ce sont eux qui donnent vie au texte.
Malheureusement, pour certains auteurs, seule l’idée de départ, l’intrigue, est importante. Les personnages ne sont que des pions subordonnés à l’histoire et servent à faire avancer celle-ci. Leur rôle se borne à supporter les péripéties et rien d’autre.
Ils n’ont aucune personnalité, aucune motivation, aucune unicité, aucun passé, aucune émotion, aucune complexité, rien qui leur permette de se démarquer. Bref… des personnages en carton-pâte.
Le lecteur se retrouve donc devant des protagonistes fades, sans saveurs, qui n’attirent pas sa sympathie ni son attention. On pourrait les changer par d’autres personnages sans que cela affecte quoi que ce soit dans l’histoire.
Or, les personnages, pour bien jouer leur rôle, doivent être irremplaçables et uniques. Sinon, le lecteur ne s’intéressera probablement pas à leur sort, et ce, même si l’intrigue est intéressante.
5. avoir des incohérences ou des erreurs factuelles
Malheureusement, certains auteurs ne font pas de relecture ni de vérification quant au contenu de leur livre. De ce fait, ils ne s’aperçoivent pas que leur manuscrit contient des fautes sérieuses.
L’éditeur se retrouve ainsi avec des textes contenant de nombreuses incohérences. Par exemple, un personnage, dont on dit qu’il a été trouvé mort étranglé est soudainement mort empoisonné 50 pages plus loin.
Ou encore, un personnage présenté comme pas particulièrement brillant, dans la situation initiale, devient subitement intelligent sans raison dès que l’élément déclencheur est passé et qu’on entre dans les péripéties. Et ce, sans raison logique ou valable.
Certains auteurs font peu (ou pas) de recherches sur les sujets qu’ils abordent dans leur texte. De ce fait, on y retrouve donc des erreurs factuelles parfois importantes. Les incohérences ou les erreurs de faits peuvent miner grandement la crédibilité du texte. Après tout, même si un roman demeure de la fiction, on veut qu’il soit réaliste ou du moins, crédible jusqu’à un certain point.
6. Manquer d’originalité
Il est possible que vous ayez lu un livre ou vu un film qui vous a inspirés. Ou que vous remarquiez ce qui est à la mode. Il n’y a rien de mal là-dedans. Il n’est pas rare que les artistes s’inspirent, jusqu’à un certain point, de ce que font les autres. Il est possible aussi que vous ayez tout simplement eu un flash, une idée qui vous semblait brillante.
Le problème de plusieurs auteurs (surtout s’ils en sont à leurs débuts) est qu’ils n’ont souvent pas lu beaucoup. Ou du moins, pas lu beaucoup des oeuvres du genre dans lequel ils veulent se lancer.
Hélas, sans le savoir, l’auteur va peut-être écrire la même histoire déjà vue des milliers de fois, de la même façon, sans rien apporter de nouveau. Des histoires de vampires, des histoires de mondes dystopiques cruels, des histoires de tueurs en série, par exemple.
Rappelez-vous: les éditeurs reçoivent des milliers de manuscrits. Si, par exemple, les romances fantastiques ont la cote, ils en auront déjà reçu des dizaines, voire des centaines.
Il est donc impératif de vous démarquer, d’être original. Oui, vous pouvez écrire un manuscrit dans un genre trendy ou un type d’intrigue populaire. Mais vous devez trouver une façon de vous démarquer des autres en apportant quelque chose de nouveau. Ça peut être par les personnages, le style d’écriture, le contexte ou autre chose. Bref, comme les anglos disent: same but different.
7. Être ennuyeux
S’il y a un péché capital par excellence, c’est sans doute celui-là. Les autres défauts, s’ils ne sont pas trop importants, peuvent être pardonnés, car il est souvent possible de les corriger.
Mais être ennuyeux est un défaut impardonnable pratiquement à tout coup, car il s’arrange très difficilement et va teinter le manuscrit du début à la fin. Même si votre texte est bien écrit, que vos personnages sont sympathiques, si on s’ennuie ferme en le lisant, on va décrocher.
Cela est généralement causé par l’un, voire plusieurs des péchés mentionnés ci-haut.
Une quête ou des enjeux sans intérêt; des conversations banales ou beaucoup trop longues; une quasi-absence de péripéties; des personnages unidimensionnels; une histoire prévisible de la première page à la dernière.
Les raisons pour lesquelles un manuscrit est ennuyeux sont nombreuses. Pour maintenir l’intérêt du lecteur, gardez en tête qu’il doit toujours y avoir un certain mystère dans votre histoire.
Et maintenant… à vos claviers!
Vous souhaitez aller plus loin? Faites un tour à la boite à outils de l’auteur!
*https://screencraft.org/blog/how-to-avoid-writing-on-the-nose-dialogue/
Crédits photo: Bublikhaus, Freepik; Anne Karakash, Pixabay; Macrovector, Freepik; Stockking, Freepik.
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